lundi 20 mai 2013


Pour une approche quantique de la Conscience.
Commentaires du colloque par Jean-Pierre Barret   20/05/2013

Comme dit la chanson, il y a ceux qui croient au Ciel, (les spiritualistes), et ceux qui n’y croient pas, (les matérialistes) !
Il y a ceux qui croient en une vie après la mort, les spiritualistes,  parce que cela les console de leur disparition inéluctable  et les autres qui  ne peuvent accepter faire à cette illusion.
Chacun croit ce qui l’arrange !
Il est tentant, et c’est ce que tente Jean Staune, le grand prête de l’U.I.P.  de récupérer certaines avancées énigmatiques de la Science comme « preuves » de l’existence d’un « fantôme dans la machine »  que l’on nomme  Conscience, Esprit ou Pensée.
Citons comme énigmes, le libre-arbitre, réfutée par l’expérience de Libet, et… la non-séparabilité quantique  etc.
C’est ce qu’ont voulu démontrer  les conférenciers du colloque international « Pour une approche quantique de la Conscience » qui s’est tenu à Paris, organisé par l’Université Interdisciplinaire de Paris, le 12mai 2013 .
Selon ces conférenciers, la base du monde matériel visible est immatériel et donc invisible  et s’appelle la Conscience qui se manifeste, selon eux particulièrement, en physique quantique dans l’Effondrement de la fonction d’onde, concept qu’aucun ne prit la peine d’expliquer, puisque, selon eux, « tout le monde ( ?) Connait l’expérience de pensée connue sous le nom du « Chat de Schroedinger ».
Il faut reconnaître que les grandes avancées des neurosciences buttent, jusqu’à maintenant, sur l’explication de l’interaction de la pensée humaine et des neurones du cerveau.
On fait bien état des expériences de commande d’un robot par la seule pensée. En fait, ces robots sont actionnés par l’agitation de zones neuronales parfaitement détectables par les instruments d’imageries cérébrales (IRMf) mais comment la Pensée « allume-t-elle «  ces neurones ? Nul ne le sait encore.
Revenons à la physique quantique.
Rappelons succinctement que la « fonction d’onde » liée à toute particule matérielle, un électron, un chat par exemple, a été proposée par le grand savant français Louis de Broglie, en 1929 qui a émis l’hypothèse révolutionnaire que toute particule matérielle était accompagnée d’une onde assiociée électromagnétique (cf. radio)
Schroedinger reprit cette hypothèse et écrivit sa célèbre équation qui représenterait la probabilité de présence du paquet d’ondes associées à toute particule.
En généralisant, certains pensent qu’il existe une méga fonction d’onde pour l’univers, une sorte de Conscience universelle !
Revenons à la fonction d’ondes. En cherchant à trouver les solutions mathématiques de l’Equation d’onde appelée « Effondrement, réduction ou Décohérence quantique : voir Wikipedia) », les mathématiciens ont trouvé, entre autres, deux solutions possibles, deux états SUPERPOSES.
On peut démontrer mathématiquement que chaque interaction « déphase » les fonctions d'onde des états les unes par rapport aux autres, jusqu’à devenir orthogonales et de produit scalaire nul. En conséquence, la probabilité d'observer un état superposé tend rapidement vers zéro.
Seuls restent observables les états correspondant aux états observables macroscopiquement, par exemple - dans le cas du Chat de Schrödinger - mort ou bien vivant.
Jusqu’à maintenant,  les mathématiques seules démontrent que le chat est dans deux états mathématiques superposés : Mort ET  vivant.
D’autres savants vont plus loin et émettent l’hypothèse que le fait qu’un être vivant ( ?) observe l’intérieur jusque-là fermé, de la boite où se trouve le chat mort ET vivant, supprime l’un des deux états  superposés. L’observateur constate alors que le chat est mort OU vivant.
Selon eux, c’est la conscience de l’observateur qui rend impossible l’une des solutions de l’équation de Schroedinger. Ainsi, la conscience de l’observateur influencerait la « décision » prise par la Nature. On ne constate, en effet, qu’un seuil état : Mort ou Vivant.
Remarquons que personne ne nous dit pourquoi la conscience du chat, dans sa boite, ne déciderait pas avant celle de l’observateur humain s’il doit se suicider ou gambader !
Tous les conférenciers ont plus ou moins défendu la thèse spiritualiste.
Jean Staune qui, il faut lui rendre hommage est un grand débateur doublé d’un grand organisateur, en profite, en introduction pour dire que ces résultats scientifiques anéantissent  le  matérialisme au profit du « fantôme divin dans la machine ».
Tous les conférenciers s’appuient sur  l’expérience indéchiffrable quoique rigoureuse d’Alain Aspect, en 1980, montrant la non-séparabilité de 2 particules qui ont « frayées » avant d’être séparées à des années-lumière,  pouvaient communiquer instantanément, plus vite que la vitesse limite de la lumière.
Entre parenthèse, cette vitesse limite n’est qu’une hypothèse assez bien vérifiée mais non définitive !
Or, tous ces conférenciers s’appuient sur cette hypothèse, la vitesse limite de la lumière,  pour empiler une hypothèse sur cette hypothèse ; celle de la conscience divine.
Quelle est la valeur d’une hypothèse supérieure dépendante d’une  hypothèse inférieure ?
Goedel a dit des choses à ce sujet
La plupart des conférenciers  s’appuie sur la non-séparabilité, pour émettre l’hypothèse que la Totalité qui inclut notre  propre conscience joue un rôle effectif dans l’univers. Est-ce la conscience d’un Dieu ?
A part, Antoine Suarez de Genève émet une hypothèse qui nous semble plus scientifique à condition d’admettre la théorie de la relativité générale d’Einstein qui suppose que tout dans l’univers réel se passe dans » l’Espace-Temps ».
Suarez postule que la conscience se situe en dehors de l‘Espace-Temps ce qui lui permettrait de ne plus obéir au principe de causalité et donc d’imaginer que la conscience humaine influe sur l’état du chat.
Un satisfecit pour Emmanuel Ransford , très clair ; qui postule la nature de notre conscience dans le « psi » portée par toute particule. En forçant un peu le trait, on pourrait comprendre que le « Saint esprit » séjourne dans toute particule y compris le chat.
Il ne faut jurer de rien !
Jean-Pierre Barret       20/05/2013     jeanpierrebarret@free.fr
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Programme présenté par l’Université Interdisciplinaire de paris       (Jean Staune)
Malgré les énormes progrès scientifiques réalisés au cours des deux dernières décennies, l’affirmation du Prix Nobel de médecine Sir John Eccles, l’un des grands neurologues du XXe siècle selon laquelle la nature de la conscience défie tout type d’explication matérialiste est toujours d’actualité.  Il y a aujourd’hui quasiment autant de modèles pour tenter d’expliquer la conscience que de spécialistes dans ce domaine. Cette situation est sans équivalent dans la science d’aujourd’hui, s’agissant d’un phénomène aussi crucial et qui nous touche d’aussi près.
N’est ce pas la preuve que les recherches ont été dirigées jusqu’à présent dans une mauvaise direction, et qu’il faut explorer des pistes radicalement différentes?
Une des pistes prometteuse consiste à faire appel à la physique quantique pour mieux tenter de cerner la nature profonde de la conscience. Différentes théories sont été émises et dans ce domaine là aussi, il y a autant d’approches différentes que d’auteurs.
Mais ici, il y a une explication claire, c’est le fait que la science actuelle avec sa démarche réductionniste n’aime pas ceux qui transgressent les frontières entre les disciplines. De nombreux biologistes et neurologues ont ainsi comme réflexe de dire que la physique quantique n’a rien à faire chez eux quand ils en entendent  parler.
C’est pourquoi on peut penser que des progrès importants pourraient naître du rapprochement d’initiatives encore bien trop isolées qui existent dans ce domaine. C’est dans ce cadre que l’Université interdisciplinaire de Paris, avec le soutien de la fondation Denis Guichard, a mis en place un colloque international  «Pour une approche  quantique de la conscience ».
Cette manifestation exceptionnelle réunira pour la première fois 5 des plus grands physiciens quantiques ayant développé des approches originales dans le domaine de l’interaction entre physique quantique et conscience. Venant des Etats-Unis,  de Russie,  et de Suisse, ils rencontreront des chercheurs français ayant eux aussi développé des approches dans ce domaine.
Le 11 mai à Paris une journée permettra au grand public de profiter de la présence en France de ces chercheurs pour découvrir leurs recherches et la diversité de leurs approches. Le 12 mai une journée réservée aux   professionnels sera organisée pour poser les fondements d’une future collaboration internationale autour de ce thème avec l’espoir de faire ainsi  progresser une des grandes questions non résolues qui se posent à l’humanité depuis des siècles et même des millénaires: Qui sommes-nous? Quelle est notre véritable nature?
Intervenants
Henry Stapp
Chercheur au prestigieux  Lawrence Berkeley National Laboratory. Henry Stapp est  depuis la mort d’Eugène Wigner, en 1995, le  plus prestigieux  des physiciens quantiques affirmant que la conscience nécessite, pour être comprise, un recours à cette discipline. Il est aussi l’un des derniers physiciens à avoir collaboré avec les pères fondateurs de la physique quantique, des géants tels Werner Heisenberg et Wolfgang Pauli.
Soutenant une conception du monde dans laquelle la conscience est plus fondamentale que la matière,  son dernier livre intitulé Sur la nature des  choses  a pour sous-titre Les pensées, les actions et le caractère fondamentalement mental de la nature, ce qui résume bien son approche.
Lothar Schäfer
Professeur de physico-chimie à l’Université d’Arkansas, auteur d’un ouvrage  intitulé  « A la recherche de la réalité divine ».  Il nous montre comment en fonction même des critères  des pères fondateurs  de la mécanique quantique, et de nombreux  physiciens actuels, la base du monde matérielle est non matérielle.  Comment le réel quantique doit être considéré comme une totalité invisible et indivisible en vertu du principe de non séparabilité.  Totalité qui inclut notre propre conscience qui joue un rôle d’agent effectif de l’univers. Son prochain livre Infinite Potential (Le potentiel infini), a pour sous-titre « What Quantum Physics Reveals About How We Should Live ». Ce qui montre son désir de faire un lien entre la physique quantique et les préoccupations fondamentales de notre société comme notre comportement, notre éthique et nos valeurs. Il a, comme Henry Stapp, développé l’idée que la physique quantique pouvait être à la base une certaine forme d’éthique.
Antoine Suarez
Physicien et philosophe, chercheur  rattaché  au département de physique  de l’université de Genève. Il est l’auteur d’une expérience ayant fait passer un des tests ultimes à la physique quantique (Physique quantique vs le modèle de multi-simultanéité) en montrant que le phénomène de non séparabilité, que l’on savait déjà expérimentalement  et théoriquement indépendant de l’espace, l’était aussi du temps. Le développement de ses recherches  l’a  amené à postuler l’existence de consciences situées au-delà de l’espace-temps. Le résultat de chaque expérience de physique que nous ferions  serait en fait  une réponse  d’une de ces entités à nos questions. Son centre de recherche sur la philosophie de la physique quantique à pour devise « Discovering invisible causes behind the visible world », (découvrir les causes invisibles derrière le monde visible). Voir http://www.quantumphil.org
Andrei Grib
Professeur de physique –mathématiques  à l’université de Saint-Pétersbourg.  Pour lui c’est dans l’esprit humain qu’il faut chercher la raison de l’apparence que prend le monde autour de nous.  Se situant  dans la  ligne de John Von Neumann,  London et Bauer, il voit dans le fait que nous sommes de observateurs pour lesquels  les choses sont binaires (noir ou blanc, oui ou non), la raison pour laquelle un monde qui fondamentalement est un monde où les êtres et les choses sont superposés nous apparaît comme un monde où les choses sont séparées. Il est l’auteur d’un ouvrage de référence sur la non localité quantique.
Amit Goswami
Professeur de physique à l’université de l’Oregon. Il a développé  une  approche de la physique dans laquelle  la conscience est à la base de toute forme d’existence. Pour lui, la compréhension des principes de base de la mécanique quantique, doit nous mener non seulement à rejeter  le  matérialisme mais à changer nos sociétés et nous-mêmes. Voir http://www.amitgoswami.org/
IL EST l’un des intervenants principaux du film What the Bleep Do We Know? http://www.whatthebleep.com/. Plusieurs  films lui ont été consacrés dont  The Quantum activist http://www.quantumactivist.com/ (l’activiste quantique) qui, là aussi, essaie d’établir un lien entre la physique quantique  et notre vie de tous les jours. Il est l’auteur de plusieurs  livres dont le best-seller, The Self-Aware Universe , (L’univers conscient de lui même).
Emmanuel Ransford
Chercheur  indépendant, mène depuis 20 ans une recherche visant à  développer une théorie des particules élémentaires dans laquelle celle-ci aurait une  dimension matérielle et une dimension immatérielle: le psi.  Ce serait cette dimension psi qui expliquerait la nature de notre conscience et d’un certain nombre de phénomènes non encore expliqués ou admis par la communauté scientifique.  Son dernier livre, La conscience quantique et  l’au-delà une voie inédite  vers l’éternité vient de paraître aux éditions Guy Trédaniel.
Vasily Ogryzko
Directeur de recherche à l’Institut Gustave Roussy de l’INSERM, généticien, il a émis l’hypothèse que les mutations pouvaient être des choix entre plusieurs potentialités préexistantes, de la même façon que l’on passe d’un état à un autre en mécanique quantique. Ce choix pourrait être influencé par des conditions extérieures, ce qui donnerait une base scientifique au Lamarckisme. Il a publié sur ce thème des « mutations quantiques » plusieurs articles dans des revues a référées.

mardi 14 mai 2013


Qu’est-ce qui nous pousse à trouver des explications à tout ?
Un sage a dit : « Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien», …mais il resta bien le seul à l’avoir dit !
Et l’humoriste Jean Amadou concluait  malicieusement : « chacun de nous en sait plus que Socrate, puisque nous savons au moins que Socrate ne savait rien.  »
Pourtant personne,  à part certains physiciens quantiques spiritualistes ne remet en cause le principe de causalité qui s’énonce ainsi:
« Tout phénomène à une cause et toute cause précède son effet. »
En principe, cette cause antérieure ne peut changer quand son effet s’est produit, sinon on pourrait remonter le temps.
« Plusieurs objections importantes s'élèvent contre la possibilité de la causalité inversée, dont notamment le paradoxe du grand-père, exposé par l'écrivain René Barjavel dans Le Voyageur imprudent (1943) : si je voyage dans le passé pour tuer mon grand-père, alors je ne suis jamais né, donc je n'ai pu voyager dans le passé pour tuer mon grand-père. L'effet (la mort de mon grand-père et par conséquent ma non-naissance) aurait été causé par une cause future (mon voyage dans le passé). » (Wikipédia)
Des expériences ont  montré que le bébé ressent un déplaisir quand, on simule à l’écran, la disparition  subite d’un objet comme l’image d’un hochet, sans cause apparente. 
Le bébé semble pressentir que tout effet a au moins une cause explicative

…sauf les journalistes !
Avez-vous remarqué que  tout  journaliste de bourse trouve toujours une explication aux fluctuations  erratiques du cours d’une action et même des explications changeantes d’une heure à l’autre.
Ainsi, lors de l’assassinat de Ben Laden, le 2 mai 2011, un commentateur pessimiste de la télévision américaine déclara que cette mort ne freinerait pas le terrorisme ; Une demi-heure plus tard, ce même journaliste devenu optimiste,  déclarait que cette nouvelle donnera un coup de fouet à la Bourse.
Cependant, on peut s’interroger sur la raison profonde qui pousse,  chacun de nous, a toujours produire une explication  causale  d’un phénomène.
Comme l’on sait, chacun voit midi à sa porte, et à priori nous sommes tous mus, heureusement,  par la recherche du plaisir,  de l’intérêt ou de l’utilité.
Mais le cerveau humain est  vif et impatient. Il  trouve, le plus souvent, une explication de surface, d’emblée, par intuition rapide.  Ultérieurement, le plaisir espéré d’en imposer plus surement, peut actionner notre  lente et paresseuse Raison et la pousser à rechercher des explications plus rationnelles mais au prix d’une grosse fatigue.

Qu’est-ce qui nous pousse à trouver des explications ?
Cherche-t-on à savoir :
·       Par besoin de se rassurer ?  C’est une manifestation évidente du Conatus de selon Spinoza, dans sa version primitive qui est l’instinct de conservation.
·       pour la joie de connaître et de comprendre?   C’est l’honorable curiosité!
·       pour exercer un pouvoir sur la nature et sur autrui ?  C’est inavouable !

Notre « thèse » ici, est que ces 3 types de « recherches » procèdent  du Conatus dont nous rappelons la définition donnée par Spinoza :
 « Chaque chose, autant qu'il est en elle, s'efforce de persévérer dans son être. » — Éthique III1, Proposition VI

1°.- Le besoin de se rassurer.
L’homme cherche à savoir,  par curiosité dit-on, si par de là, la colline, il y a des hommes inconnus donc, à priori menaçants. Cette curiosité n’est qu’une expression de l’instinct de conservation, c’est-à-dire du Conatus sous sa forme primaire.
D’après Nietzche la connaissance permet à l’homme, incapable d’agir et de créer, de s’imaginer un monde rassurant.
 2°- La curiosité.
Devant la très grande diversité des choses sur la terre, les anciens, quelque peu apeurés,  ont dû  éprouver un étonnement philosophique  qui poussa  les premiers penseurs  vers l’amour de la connaissance.  La curiosité est utile pour orienter les prévisions vitales, sur un mode probabiliste  sans plus, mais  on n’a jamais rien trouvé de mieux que la science pour éviter les malheurs.
Il n’en reste pas moins que la curiosité est fille du Conatus et de l’effort pour persévérer et pour augmenter sa puissance d’action, selon les propres déductions de Spinoza.

3°.- Le besoin de s’affirmer.
Savoir c’est pouvoir, dit-on. Trouver une explication, même hâtive en impose toujours aux autres, tout en les agaçant.
Les besoins  de dominer, de s’affirmer, d’être reconnu  sont, de même, des produits du Conatus spinozien.
En effet, la domination est une protection contre les prétentions des autres.
,
CONCLUSIONS
Nous avons un besoin viscérale de confort et de sécurité ce qui se traduit par le besoin obsessionnel de tout contrôler, de tout maitriser, ce qui  suppose de tout comprendre pour tout expliquer, par intuition, donc sans effort.

Un bon moyen est de se raconter des histoires, nous adorons les histoires ; il suffit qu’elles soient cohérentes, et qu’elles finissent bien.
L’exercice de la raison consomme trop d’énergie psychique, alors qu’à l’inverse,  l’intuition fonctionne automatiquement et rapidement, presque sans effort.
« Nous pensons avec notre corps, par les émotions au lieu de penser avec votre cerveau »*
Et de plus, intuition et émotions sont à la mode, de nos jours !

Cependant :
Méfions-nous de la première impression, ce n’est pas la bonne !
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* « Système 1, système 2. Les deux vitesses de la pensée », Kahneman Daniel, Flammarion, Paris 2012
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13 mai 2013           jeanpierrebarret@free.fr      explication_causale_jpb.doc

jeudi 28 mars 2013

De l’égoïsme à l’altruisme


L’homme est-il bon, est-il méchant, se demandait  Diderot ?

 Comment l’égoïsme inhérent à la nature humaine a-t-il pu donner naissance au souci de l’autre ,  à la pitié,  à la charité, à  la compassion,  à l’empathie  et en un mot, à l’altruisme  ? 
Spinoza , à partir d’un concept  physique  défini par Descartes et Hume,  généralisa  le « Conatus » et l’étendit  à tous les êtres vivants :
CONATUS : « Chaque chose, autant qu'il est en elle, s'efforce de persévérer dans son être »(1)
Le Conatus de Spinoza,   dans sa forme primitive ,  désigne l’acte de se porter vers quelque chose et de chercher à prendre pour survivre, tel que saisir de la nourriture, des chevaux ou des femmes.
On parle alors d’appétit au sens large.
Chez l’être humain, le Conatus primitif  se nomme Egoïsme quand ses actions ou ses idées sont uniquement orientées par ses propres intérêts, sans prendre en compte les nécessités d'autrui. (W)

Normalement  ,  poursuivre  son intérêt, c’est se faire plaisir, c’est-à-dire , essentiellement  chercher l’utile et l’agréable en toute chose.  Dans ce sens, tout le monde poursuit partout et toujours  son intérêt.

Mais ,  qu’arrive-t-il  s’il n’y a pas assez de choses  désirées disponibles ?

Il y  a alors choc de deux individus  strictement égoïstes, c’est-à-dire de deux Conatus primitifs.
La violence apparait. Comment survivre alors ?
Trois réactions possibles  : Faire face, fuir, ou se soumettre !
Faire face, c’est risquer sa vie, fuir  c’est se heurter plus loin aux  chocs  d’autres conatus , ou se soumettre, c’est devenir esclave  et donc ne plus exister.

René Girard à découvert une autre solution pour supprimer la violence née du « désir mimétique » ; c’est de désigner un bouc émissaire , le Christ   et instituer du sacré, des mythes  et des rites, en un mot, inventer une Religion ! Ne serait-ce pas oublier que toutes les religions , y compris le communisme,  ont été source des plus grands massacres dans l’Histoire des Hommes ? 
Alors, dès l’aube de l’humanité, la vie se révéla impraticable  puisque  l’intérêt  égoïste  s’exprimait  sans frein, au vue de tous !
Impraticable  mais possible puisque les animaux,  eux,  prospèrent malgré  leur indifférence relative vis-à-vis de leurs congénères , leur avidité  et leur  lutte incessante pour la vie. Sachez  qu’un oiseau, par exemple, passe presque tout son temps à chercher de la nourriture dans une insécurité  permanente et totale.

 « au commencement était la peur. L’homme est un être terrorisé. [2]

Terrorisé par les Dieux, par les autres et par la diversité  angoissante des choses naturelles
Dans ces conditions  originelles, comment l’Homme soumis  à son égoïsme consubstantiel  a-t-il pu conjurer son insécurité?
Un modèle à suivre fut la famille, sorte de super-individu groupant des personnes ayant le même but , à savoir,  assurer la sécurité de la cellule familiale.  La paix règne dans la famille primitive grâce
à l’autorité violente du père et malgré les rivalités entre descendants .  Excepté le prétendu instinct maternel , l’amour familial instinctif est probablement un mythe !
Rappelons que la famille est un produit de l’instinct de reproduction, lui-même fils du Conatus primitif, celui qui « fait persévérer » l’espèce.
Comme animal , l’Homme sait d’instinct que ses congénères sont dangereux.  La fameuse  révélation , « L’enfer , c’est les autres » est certainement outrée  car cet enfer renferme un petit coin de paradis : L’Amour, promesse de bonheur quand il est naissant.
En fait, ce sentiment très complexe, prend naissance avec le désir d’être aimé, en clair, d’être protégé, autre effet du Conatus  spinozien. 
Jean-Jacques Rousseau, lui aussi voit dans l’Amour, une expression de l’amour-propre, donc du Conatus  car quand on aime, on s’aimerait soi-même puisqu’on se met  à la place de l’aimée. Jean-Jacques aurait-il  anticipé la découverte de Rizzolatti de 1990 ?

Un autre solution  pour masquer l’égoïsme humain foncier  fut  de mettre en veilleuse ses détestations  afin de tirer profit de l’action en groupe, en imitant  ainsi, les animaux sociaux ;
La chasse en meute permit d’attaquer de plus gros gibiers et de le consommer à plusieurs avant qu’ils ne pourrissent, puisqu’il n’y eut  pas de moyen de stockage avant longtemps.

Nul  générosité  dans  ces échanges  économiques .  C’était en quelque sorte, la forme positive de la loi du Talion, le donnant-donnant.(- 1730 avant J.C.)
A noter que la forme négative du Talion, « Œil pour Œil, dent pour dents » représenta un progrès moral ,  à comparer aux représailles cruelles actuelles , comme par exemple  l’assassinat de dix  otages innocents pour un coupable  par les Nazis sous l’Occupation ; soit près de  quatre mille ans de régression ! Par conséquent , la loi du Talion était bien un progrès puisqu’elle améliorait la justice.

Puis, est venue  la pratique du don et du contre don [137] , des échanges marchands : les hommes , toujours en quête de leurs intérêts cachés et bien compris, renoncèrent à leur peur de l’autre  et découvrirent  alors, que le commerce apportait la paix, limitait l’isolement et la stagnation, donnant l’illusion d’un progrès moral du à la civilisation.
Cependant le don et le contre-don peut apporter un certain apaisement due à la réciprocité, mais cette paix est fragile car les cadeaux, souvent symboliques, courent le risque d’engendrer du ressentiment.

Dans la pratique du troc,  la réciprocité est déjà plus efficace , plus paisible.
A noter que le troc de choses neuves , sans acquittement  de la TVA est interdite en France. En effet, pour rémunérer l’Etat qui garantit la paix, il est nécessaire de prélever  une taxe sur  tout échange. Troquer sans acquitter cette taxe est le fait de profiteurs : une tricherie sociale !
En remplaçant le troc ,  source peu flexible de conflits   , par la monnaie,  substitue général,  celle-ci a été un bienfait pour l’humanité puisque elle atténuait  les  ressentiments ,  contrairement à ce qu’en disent les tartufes !

Car, la marchandise n’a que peu de valeur pour le vendeur qui veut s’en débarrasser,  alors que c’est un besoin ou un désir souvent irrésistible ,  pour l’acheteur. La monnaie est alors très utile puisqu’elle constitue la variable d’ajustement admise par tous.
Le commerce normal , équitable  suppose une certaine confiance des hommes entre eux, une certaine empathie dit-on, maintenant.

Cependant, Machiavel ne se fait pas d’illusion sur la nature du commerce des hommes !

« Selon Machiavel, les hommes sont guidés par l’intérêt, l’avidité, l’égoïsme et la vanité. Ils sont cruels, dominés par le besoin de se venger, d’asservir, de faire souffrir. Ils sont passionnés, impressionnables ,  emportés. Il est plus facile de les duper que de les convaincre à l’aide de raisonnements  .  Cela pour la politique intérieure. Quant à la politique extérieure, chaque état n’a pour but que d’asservir les autres : les alliances et les traités recèlent donc toujours une part d’hypocrisie, ne durent que le temps des avantages qui en découlent ,  et d’autre part, la guerre est indissolublement liée à sa politique, elle est « la vraie profession de qui gouverne », le seul objet auquel le prince doivent donner ses pensées, et dont il lui convienne de faire son métier. » . [1]

Mais les avantages intéressés apportés par la coutume du don et contre-don, des fêtes , des rituels, (cf.« potlatch »)  n’expliquent  pas les indéniables  manifestations  d’empathie  et  de désintéressement  que l’on constate chez  les humains et même chez les grands primates.

Jon Elster invente l’expression  « effet Valmont », (du nom du célèbre personnage de roman de Choderlot de Laclaux), qui consiste en gros en la joie que l’on ressent d’être perçu comme un brave type par l’assistance quand on fait une bonne action au départ par simple intérêt visant à tromper son monde (W). Il rappelle ainsi, l’omniprésence du Conatus comme moteur de toute action humaine.
Citons la Marquise du Chatelet (1706-1745) pour ne pas invoquer  toujours  le plus célèbre des moralistes français, François de La Rochefoucauld.
« Nous avons beau faire, l’amour-propre est toujours plus au moins caché de nos actions »

Il semble , en effet, quasi impossible de prouver qu’un acte apparemment désintéressé n’est pas , inconsciemment ou non, intéressé.
Quasi impossible signifie possible !
Ainsi ,  on connait  des cas de dons de reins  effectués, à l’étranger,  par des donneurs  vivants anonymes,  sans lien de parenté avec les transplantés. C’est la preuve que l’altruisme est bien une qualité  des homos sapiens.
On trouvera toujours des sceptiques rigoureux qui penseront que, le donneur doit éprouver un plaisir certain qui s’apparente à l’effet Valmont. Mais sachant que le donneur de rein a 3 pour 10.000 chances de succomber à l’extraction, il faut admettre que son abnégation  tangente le maximum sur l’échelle du désintéressement.
Mais d’où vient cette vertu, le désintéressement  ? Est-elle innée ou acquise ?
Il est attesté que les homos sapiens  avaient des comportements généreux. Ainsi,   sans remonter très loin dans le passé, dans le musée d'Alta Roca à Lévie en Corse, est exposé le squelette de la Dame de Bonifacio (-7.000ans) morte à 40 ans.
Elle était handicapée (atteinte de la maladie de Scheuermann). Une de ses épaules (la droite), plus haute que l'autre, était atrophiée. Elle avait des problèmes au niveau des articulations qui avaient atteint le tibia, les orteils... A l'évidence, elle n'aurait pas pu vivre sans l'aide de la communauté sapiens.
Mais il faut encore remonter plus loin que le néolithique, or il n’existe pas de textes plus anciens que l’Epopée de Gilgamesh.  Cette légende donne-t-elle une clé pour expliquer l’empathie, l’amitié, l’altruisme  ?
L’Epopée de Gilgamesh est un récit légendaire de l’ancienne Mésopotamie (Irak moderne). Faisant partie des œuvres littéraires les plus anciennes de l’humanité, la première version complète connue a été rédigée en akkadien dans la Babylonie du XVIII° siècle av. J.-C. ou XII° siècle av. J.-C. ; écrite en cunéiforme sur des tablettes d’argile, elle s’inspire de plusieurs récits, en particulier sumériens, composés vers la fin du IIIe millénaire , donc  entre -2100 et -2000, le héros Gilgamesh ,  d’abord une sombre brute , prend conscience qu'il est mortel et fait preuve soudain de compassion envers son ancien ennemi  Enkidu qui devient son ami.
Ainsi, la mémoire des Hommes témoigne d’un passage soudain,  ou progressif, nul ne le sait , d’un  comportement animal absolument indifférent au sort de leurs congénères,  à un comportement  qui  intègre le souci de l’autre.
Cette épopée montre aussi que l’Homme est perfectible contrairement aux animaux. Un chat, par exemple est « parfait », dans le sens qu’il est accompli,  dès sa naissance.  Même après un dressage, la sauvagerie, le naturel revient au galop ;  même repus, il court après une souris !
La perfectibilité des hommes est inscrite dans son Conatus, tout au moins dans son effort, non seulement pour maintenir sa personnalité et ses valeurs  ,  mais surtout pour  augmenter sa puissance d’agir.
L'âme s'efforce, autant qu'il est en elle, d'imaginer les choses qui augmentent ou favorisent la puissance d'agir du corps.(Spinoza, éthique III, proposition 12)
C’est le mérite de Spinoza d’expliquer que le Conatus évolué , c’est-à-dire « l’ égoïsme bien compris »,  augmente notre puissance d’action .
Plus tard Kant énonce sa « loi morale pratique » faisant appel à la raison , donc  à notre intérêt bien compris:

 "Agis d'après une maxime telle que tu puisses toujours vouloir qu'elle soit une loi universelle" .

Faut-il tricher , par exemple?  Non; car nous ne pouvons vouloir que la triche soit une loi universelle,  la vie en société deviendrait impossible.

Il est clair  que l’apparition de l’empathie,  de  l’amitié etc.  augmente notre champ d’action, notre puissance  dans le monde, puisque si ces vertus sont apparues et demeurées, ce fut parce qu’elles représentaient un avantage évolutif au sens de la théorie de Darwin-Wallace.
Mais comment prouver scientifiquement l’existence de cette lueur philanthropique ,  preuve qui expliquerait  peut-être l’empathie et le désintéressement ?

En 1990, une découverte renversante faite par des neuroscientifiques  italiens apporta un élément de réponse.
Une équipe  dirigée par Giacomo Rizzolatti  découvrit  l’existence des neurones-miroirs dans le cerveau des hommes et aussi dans celui de certains grands primates.
Selon Wikipedia ,  les neurones miroirs désignent une catégorie de neurones du cerveau qui présentent une activité aussi bien lorsqu'un individu (humain ou animal) exécute une action que lorsqu'il observe un autre individu (en particulier de son espèce) exécuter la même action, ou même lorsqu'il imagine une telle action, d'où le terme miroir.
Selon Jean-Michel Oughourlian, grâce aux neurones-miroirs :
·        Vous me reconnaissez comme un être humain puisque votre bras ne bouge pas si vous regardez ce mouvement fait par un robot.
·        Vous comprenez pourquoi je veux faire ce geste .
·        Vous devinez mon intention si je suis en train de me verser un verre d’eau, et vous comprenez que j’ai soif.
·        Votre cerveau s’apprête à imiter mon action la même chose que moi.

La source biologique de l’Empathie, de la charité, de la compassion, des projections en psychologie, de la Théorie de l’Esprit en philosophie etc. serait donc cette capacité à percevoir et reconnaître les émotions d’autrui et de les faire siennes ?
Ainsi, la joie et la tristesse que manifestent  mon voisin sont communicatives.
C’est bien connu ; tout se passe dans le cerveau, siège des neurones-miroirs.
Grâce à cette découverte, des neurones-miroirs, l’Altruisme comme l’Egoïsme sont des faits de Nature.
Ainsi, les feux du sexe embrasent le voyeur, (vous, moi)  lorsque il assiste  à une scène  érotique  vivante ou à un film pornographique.
Ainsi parlait  Saint Dominique pour qui, «  seul,  l’exemple est contagieux » .
Avec les neurones-miroirs, l’Amour est  devenu un mode de connaissances horizontal


(1)    Spinoza, Baruch, « Ethique III, proposition VI, La Pleiade,  Gallilmard,  Paris


La laïcité peut-elle se passer de la spiritualité ?


La laïcité désigne le principe de séparation de la sphère publique et de la sphère privée, notamment   l’impartialité et la neutralité de l'État à l'égard des confessions religieuses.
La spiritualité, c'est la « vie de l'esprit". Cette définition étant trop large, je  remplacerai Spiritualité  par « Besoin de croire en un ordre de réalité supérieure, extérieure » que l’on désigne par "transcendance", c’est-à-dire, la confrontation de l’individu avec l'infini, l'éternité et l'absolu.
Le verbe Pouvoir : être sujet à des limitations physiques et pressions sociales : avoir la possibilité ou avoir la permission. Etre capable, être en mesure.

1°.-"La société civile peut-elle se passer de transcendance ?"  NON !
La sphère publique n'a pas à se confronter avec  l'infini, l'éternité ou l'absolu.
Pour l’Etat, la résorption du chômage est plus préoccupante !
Reste donc, la sphère  privée.

2°.-"La sphère privée peut-elle se passer de transcendance ?"  OUI !
On constate que tout individu est ému par la manifestation*  de l’infini dans l’espace et dans le temps.
Par une belle nuit d'été, dans un désert, en regardant la nuit étoilée, nous avons l'expérience de la notion d’infini, d’absolu et peut-être d'éternité.
Donc, pour répondre à la question " l'individu dans sa vie privée  peut-il se passer de cet éblouissement ? " Je réponds qu'il ne s'agit pas de s'en passer puisque cet éblouissement existe et s’impose. Point n’est nécessaire de croire en une Transcendance !
La sensation de  transcendance est d’abord une émotion personnelle, puis un SENTIMENT, donc en principe maitrisable, en partie,  par la raison. (Peut-on croire qu’on peut marcher sur les eaux !)
 Cette émotion peut être la Peur, ce  qui expliquerait  la croyance en Dieu. Mais cet éblouissement a une explication biologique prouvée.

SOURCES  BIOLOGIQUES  DE  L’EXTASE
Les spiritualistes donnent  comme « preuve » de communication avec le Divin, l’extase des mystiques,  comme Sainte Thérèse d'Avila. Or, des expériences d'imageries neuronales, faites récemment sur des moines bouddhiques et des sœurs catholiques en méditation,  semblent montrer ce que les mystiques en extase ressentent :
Dissolution du soi, sentiment d’unité avec le monde, calme profond, déconnexion avec le réel
Cependant,  dans la vie de tous les jours comme dans l’extase, les mystiques  ne semblent pas montrer un amour excessif pour leurs prochains. 

IMAGES  DU  CERVEAU  PRISES  PAR  UN  IRMf**
Avant l’extase,  la zone fléchée de la figure  « before prayer » est normalement irriguée ; l’individu est connecté avec le Réel.
Pendant, l’extase, la zone fléchée de la figure  « prayer scan » n’est plus  irriguée ; l’individu est déconnecté du Réel.
*« L’esprit de l’athéisme », André Comte-Sponville, Albin Michel, 2006
** « Pourquoi Dieu ne disparaîtra pas », Newberg, & d’Aquili, Edition Sully, Vannes 2001