Qu’est-ce qui nous
pousse à trouver des explications à tout ?
Un sage a dit : « Tout ce que je sais, c'est que je ne sais rien», …mais il resta bien le seul à l’avoir dit !
Et l’humoriste Jean Amadou concluait malicieusement : « chacun de
nous en sait plus que Socrate, puisque
nous savons au moins
que Socrate ne savait rien. »
Pourtant personne, à part
certains physiciens quantiques spiritualistes ne remet en cause le principe
de causalité qui s’énonce ainsi:
« Tout phénomène à une cause et toute
cause précède son effet. »
En principe, cette cause antérieure ne peut changer quand son
effet s’est produit, sinon on pourrait remonter le temps.
« Plusieurs
objections importantes s'élèvent contre la possibilité de la causalité inversée,
dont notamment le paradoxe du grand-père, exposé par l'écrivain René
Barjavel dans Le Voyageur imprudent (1943) : si je voyage dans le
passé pour tuer mon grand-père, alors je ne suis jamais né, donc je n'ai pu
voyager dans le passé pour tuer mon grand-père. L'effet (la mort de mon
grand-père et par conséquent ma non-naissance) aurait été causé par une cause
future (mon voyage dans le passé). » (Wikipédia)
Des expériences ont montré
que le bébé ressent un déplaisir quand, on simule à l’écran, la disparition subite d’un objet comme l’image d’un hochet,
sans cause apparente.
Le bébé semble pressentir que tout effet a au moins une cause
explicative
…sauf les journalistes !
Avez-vous remarqué que tout
journaliste de bourse trouve toujours
une explication aux fluctuations erratiques
du cours d’une action et même des explications changeantes d’une heure à l’autre.
Ainsi, lors de l’assassinat de Ben Laden, le 2 mai 2011, un commentateur
pessimiste de la télévision américaine déclara que cette mort ne freinerait pas
le terrorisme ; Une demi-heure plus tard, ce même journaliste devenu
optimiste, déclarait que cette nouvelle
donnera un coup de fouet à la Bourse.
Cependant, on peut s’interroger sur la raison profonde qui pousse,
chacun de nous, a toujours produire une
explication causale d’un phénomène.
Comme l’on sait, chacun voit midi à sa porte, et à priori nous
sommes tous mus, heureusement, par la
recherche du plaisir, de l’intérêt ou de
l’utilité.
Mais le cerveau humain est vif
et impatient. Il trouve, le plus
souvent, une explication de surface, d’emblée, par intuition rapide. Ultérieurement, le plaisir espéré d’en imposer
plus surement, peut actionner notre lente et paresseuse Raison et la pousser à
rechercher des explications plus rationnelles mais au prix d’une grosse fatigue.
Qu’est-ce
qui nous pousse à trouver des explications ?
Cherche-t-on à savoir :
·
Par besoin de se rassurer ? C’est une manifestation évidente du Conatus
de selon Spinoza, dans sa version primitive qui est l’instinct de conservation.
·
pour la joie de connaître et de comprendre? C’est l’honorable curiosité!
·
pour exercer un pouvoir sur la nature et sur
autrui ? C’est inavouable !
Notre « thèse » ici, est que ces 3 types de
« recherches » procèdent du
Conatus dont nous rappelons la définition donnée par Spinoza :
« Chaque chose, autant qu'il est
en elle, s'efforce de persévérer dans son être. » — Éthique III1,
Proposition VI
1°.- Le besoin de se rassurer.
L’homme cherche à savoir, par curiosité dit-on, si par de là, la
colline, il y a des hommes inconnus donc, à priori menaçants. Cette curiosité
n’est qu’une expression de l’instinct de conservation, c’est-à-dire du Conatus
sous sa forme primaire.
D’après Nietzche la
connaissance permet à l’homme, incapable d’agir et de créer, de s’imaginer un
monde rassurant.
2°- La
curiosité.
Devant la très grande diversité des choses sur la
terre, les anciens, quelque peu apeurés,
ont dû éprouver un étonnement
philosophique qui poussa les premiers penseurs vers l’amour de la connaissance. La curiosité est utile pour orienter les
prévisions vitales, sur un mode probabiliste sans plus, mais on n’a jamais rien trouvé de mieux que la
science pour éviter les malheurs.
Il n’en reste pas moins que la curiosité est fille du
Conatus et de l’effort pour persévérer et
pour augmenter sa puissance d’action, selon les propres déductions de
Spinoza.
3°.- Le besoin de s’affirmer.
Savoir c’est pouvoir, dit-on. Trouver une explication,
même hâtive en impose toujours aux autres, tout en les agaçant.
Les besoins de dominer,
de s’affirmer, d’être reconnu sont, de
même, des produits du Conatus spinozien.
En effet, la domination est une protection contre les prétentions
des autres.
,
CONCLUSIONS
Nous avons un besoin viscérale de confort et de sécurité ce qui se
traduit par le besoin obsessionnel de tout contrôler, de tout maitriser, ce qui
suppose de tout comprendre pour tout
expliquer, par intuition, donc sans effort.
Un bon moyen est de se raconter des histoires, nous adorons les
histoires ; il suffit qu’elles soient cohérentes, et qu’elles finissent
bien.
L’exercice de la raison consomme trop d’énergie psychique, alors
qu’à l’inverse, l’intuition fonctionne
automatiquement et rapidement, presque sans effort.
« Nous pensons avec notre corps, par les
émotions au lieu de penser avec votre cerveau »*
Et de plus, intuition et émotions sont à la mode, de nos jours !
Cependant :
Méfions-nous de la première impression, ce
n’est pas la bonne !
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* « Système 1,
système 2. Les deux vitesses de la pensée », Kahneman Daniel, Flammarion,
Paris 2012
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13 mai 2013 jeanpierrebarret@free.fr explication_causale_jpb.doc
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