lundi 25 janvier 2016

« Votre vie a-t-elle un sens ? »
N’est-ce pas  la conscience de notre finitude qui nous pousse à nous demander si notre vie a un sens.
Pour tenter de répondre à cette question si souvent débattue et jamais résolue, je ferai appel  humblement, à quelques philosophes [i]:
Selon moi, la Vie n’a pas de sens autre que de se protéger, de se maintenir, de se reproduire et de s’éteindre.
« Chaque chose, autant qu'il est en elle, s'efforce de persévérer dans son être. » dit Spinoza.
La « désirance »[ii] ou rage de vivre caractérise tous les êtres vivants. Spinoza l’appelle le Conatus, Schopi le « vouloir-vivre » et Nietzsche, semble-t-il,  la « volonté de puissance ».
« La Vie n’a pas de sens,  mais il faut s’efforcer de mettre du sens dans sa vie » (par exemple en ayant un comportement moral).  De même, la musique n’a de sens que celui  qu’on lui donne.
Il faut donc se fixer des règles morales plus contraignantes que la morale naturelle, instinctive qui exige seulement de  refuser le meurtre, le vol, la mutilation, le mensonge ou le Décalogue qui interdit de convoiter  l’âne et la femme de son prochain etc.
Mais quelles règles morales ?
L’impératif catégorique[iii] de Kant est inapplicable : (« Agis seulement d'après la maxime grâce à laquelle tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle ») .   Péguy dit que : « le kantisme a les mains pures, mais qu’il n’a pas de mains », ou, tout autant inapplicable,  comme le célèbre précepte du Christ : « Si on te frappe sur la joue droite, tend la gauche».
Faisons le Bien ! Car  faire le bien nous rend joyeux, comme faire le mal nous rend triste.
Mais,   prudence, Diderot  nous avertit : « un  Bien présent peut être source d’un grand Mal, un Mal la source d’un grand bien ».
Par exemple, je peux me réjouir des malheurs qui frappent un ennemi, ou m’aigrir devant les succès d’un ami.
Je peux aussi trouver plaisir à rendre service à quelqu’un, même si ce service n’est pas désintéressé. 
D’ailleurs il est quasi-impossible de prouver qu’un acte altruisme est désintéressé  ou non.
Personnellement comme tout le monde, je vis pour rechercher la joie et les plaisirs,  éviter la tristesse et la souffrance,  et  vaincre nos peurs.
De même Thomas d'Aquin pense que : «  tous les sentiments sont jouissifs en eux-mêmes : l'amour, la perversion, la haine. C'est d'ailleurs pour cela qu'ils se transforment généralement en actes. Seulement certains, comme le mal, à la fois séduisent mais également détruisent celui qui les ressent. Thomas d'Aquin pense ainsi que pour pouvoir vivre et aller dans le  sens de la Vie, ….il faut commencer par vouloir vivre ».


En vérité,  les gens sont  méchants et malheureux  parce qu’ils ne sont  pas assez intelligents car  l’acquisition  de connaissances fortifie notre intelligence et nous rend heureux puisque l’on peut entreprendre des projets bien conçus qui réussissent.
Si la psychologie ou les religions buttent inlassablement sur  l’origine du Mal, un certain Bien, la compassion   semble trouver une origine physico-neurologique, les « neurones miroirs[iv] ».
L’amour ou plutôt la compassion appelée aujourd’hui empathie  est la capacité à percevoir et reconnaître les émotions d'autrui. Grace aux neurones miroirs, je ressens mécaniquement ce que l’autre  ressent.
Entendons-nous ; si je vois mon ami Albert pleurer, je peux sentir mes larmes monter aux yeux.
La transmission de l’émotion ne se fait pas par voie extrasensorielle  mais par voies physiques à savoir,  les cinq sens et notamment la vue quand je voie  les larmes d’Albert. D’ailleurs un aveugle ne peut éprouver  de compassion pour un blessé silencieux, si on ne l’informe pas.
Concluons : Il y a au moins un marché aujourd'hui qui ne connaît pas la crise. Celui des raisons de vivre.[v]
Jean-Pierre BARRET  25  janvier 2016



[i] Epicure (-342,270) ; Thomas d’Aquin (1224, 1274) ; Descartes (1596 ; 1650) ; Spinoza (1632, 1677) ; Schopenhauer (1788, 1860) ; Péguy (1873, 1914) ; André Comte-Sponville (1952)

[ii] Désirance : Néologisme proposé par l’auteur : Désir fondamental inconscient sans objet, opposé à un désir ciblé comme l’envie de chocolat. 

[iii] « Agis seulement d'après la maxime grâce à laquelle tu peux vouloir en même temps qu'elle devienne une loi universelle »

[iv]Les neurones miroirs sont une catégorie de neurones du cerveau qui présentent une activité aussi bien lorsqu'un individu (humain ou animal) exécute une action que lorsqu'il observe un autre individu (en particulier de son espèce) exécuter la même action, ou même lorsqu'il imagine une telle action, d'où le terme miroir.(Wikipedia : voir G.Rizzolattti)

[v] « Propos sur le bonheur »,  Alain, La Pléiade ; / « L’art d’être heureux »  Arthur Schopenhauer. / 
« Du bonheur », / Frédéric Lenoir. « La conquête du bonheur », /Bertrand Russel etc.

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